Corpsaccord

Dans deux sofas réalisés en acier forgé, j’ai placé des systèmes électriques et électroniques, reliés à un programme traduisant par vibrations et son la présence de l’autre, d’un canapé à un autre en temps réel.

Le son est utilisé ici comme témoin de présence. Les différents capteurs et moteurs sont programmés et pilotés par un ordinateur relié à chacun des sofas, échangeant leurs données via Internet.
La présence de l’autre est suggérée par sa forme sonore la plus chuchotée, et par vibrations proches de l’effleurement. Ici, le toucher n’est pas actif. Il ne suppose aucune exploration tactile. Toucher passif, toucher dans sa forme la plus simplifié, la mise en contact. Une mise en contact de sa peau sur le fauteuil devient l’artefact du corps de l’autre. Ce dernier est suggéré, sa présence est virtuelle, mais grâce aux sons et aux moteurs, cette présence enfle devenant presque tangible. La machine suscite alors chez le spectateur des émotions multiples, étranges, des tensions, des envies de fuite chez les uns, des fantasmes de couples virtuels chez les autres.

« De tous nos sens le toucher est le plus personnel. Les moments les plus intimes de la vie sont associés aux changements de textures de la peau. La résistance au contact importun raidit la peau comme une armure, ce cas est souvent présent lors de la proximité ou promiscuité dan les transports en commun surchargés, alors surgit une tension corporelle. Les textures excitantes et sans cesse changeantes de la peau pendant l’amour, et le velouté de la satisfaction qui le suit, autant de messages d’un corps à un autre et qui ont une signification universelle. » (Edward T. Hall, extrait de « La dimension cachée ».
Projet réalisé avec le soutien du Conseil Régional des Pays de la Loire.